Présentation de la commune

Historique

Une implantation progressive en territoire hostile :

L'occupation humaine du site est attestée depuis l'époque gallo-romaine. L'aqueduc qui alimentait en eau Angeriacum (Saint-Jean d'Angély) depuis la fontaine du Rousseau, sur le territoire de Saint-Denis du Pin, est encore partiellement visible.

Les érudits du 19e siècle font également état de vestiges de cette époque, notamment au village du Pouzat où se serait trouvée une villa, c'est-à-dire une vaste exploitation agricole. Au 19e siècle, M. Duret, président de la Société Historique et Scientifique de Saint-Jean d'Angély et propriétaire du logis du Pouzat, aurait mis au jour "un grand nombre d'antiquités romaines", parmi lesquelles la trace d'une citerne, une colonne, des monnaies romaines et une tête de Silène en bronze provenant d'une fontaine. Le docteur Texier évoque également, près du hameau, un amas de matériaux et de pierres de taille provenant d'un édifice gallo-romain ruiné. Une voie romaine passait semble-t-il à proximité. C'est à cette période qu'aurait commencé le défrichement de la forêt d'Essouvert.

Cette importante forêt, qui s'étendait jusqu'aux portes de Saint-Jean d'Angély, appartenait au Moyen-Age à la barrière de bois qui séparait la Saintonge du Poitou, dont il subsiste également les forêts d'Aulnay, Benon et Chizé. Le défrichement se serait arrêté lors des invasions barbares marquant la fin de l'Antiquité. Celui-ci reprend semble-t-il dans la deuxième moitié du Moyen-Age, sous l'impulsion de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély. Au 11e siècle, cette dernière affirme son emprise sur ce territoire : vers 1025, l'église de Saint-Denis est donnée à l'abbaye par le vicomte d'Aulnay. Le haut clocher, unique dans la région et qui pourrait dater de cette période, servait certainement de repère au milieu des bois.

Quelques décennies plus tard, la seigneurie d'Essouvert, dont le siège était à La Fayolle, est donnée à son tour aux moines Bénédictins. Ceux-ci y installent une dépendance (surnommée au moins depuis le 18e siècle le Prieuré), probable point de départ pour le défrichement de la forêt et la mise en culture des terres. Le domaine et la seigneurie de La Fayolle restent propriétés de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély jusqu'à la Révolution. La forêt, à la fois propriété des moines et assortie d'un droit d'usage pour les habitants de la baronnie, devient communale mais le droit d'usage subsiste. En 1859, le conseil municipal de Saint-Denis du Pin obtient le partage du bois d'Essouvert entre les quatre communes limitrophes.



La multiplication des maisons nobles sous l'Ancien Régime :

Si la partie ouest de l'actuelle commune dépendait de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély, la partie est relevait quant à elle de l'ancienne châtellenie de Ribemont-Mornay. Celle-ci avait son siège au château de Ribemont disparu (aujourd'hui Ripemont, commune d'Antezant la Chapelle) puis à celui de Mornay (commune de Saint-Pierre de l'Isle).

De la fin du Moyen-Age à la Révolution, l'est du territoire de Saint-Denis du Pin se couvre de logis nobles, issus du démembrement de cette châtellenie. La plus ancienne et sans doute la plus importante de ces petites seigneuries semble avoir été celle des Rousseaux, dont le logis a conservé notamment deux tours d'angle pouvant dater de la fin du Moyen-Age. Le dernier logis noble construit sur le territoire communal aurait été celui de Rennebourg, édifié au début du 18e siècle.

La plupart de ces domaines a appartenu à des familles influentes de Saint-Jean d'Angély, de la fin du Moyen-Age jusqu'à la fin du 19e siècle. Ces logis constituaient à la fois le siège de leur pouvoir ainsi qu'une résidence de campagne et une exploitation agricole subvenant à leurs besoins. Parmi eux, plusieurs ont appartenu à des maires de Saint-Jean d'Angély, comme les Rolland, propriétaires du château de Mont Roland, ou François Thibaud, propriétaire du logis des Bellais.

Toutes ces demeures ont été en grande partie remaniées voire reconstruites aux 18e et 19e siècles et reconverties, suite à la Révolution, en vastes exploitations agricoles. D'autres ont disparu ou ont été très remaniées récemment, comme le logis de La Sausaye et une maison forte à La Petite Jallet. Ces logis exploitaient la majeure partie des terres de la commune, par ailleurs peuplée de métayers généralement pauvres dont les modestes demeures n'autorisent aucune comparaison avec ces grandes propriétés.



Un territoire agricole, viticole et sylvicole en marge de la ville :

Un état de la commune dressé à la fin du 18e siècle indique que le territoire de Saint-Denis du Pin était déjà en grande partie tourné vers la viticulture : 400 journaux, soit un tiers des terres cultivées, étaient occupés par des vignes, qui fournissaient davantage de vin que les simples besoins de la commune. L'acte de vente de la seigneurie de la Fayolle en 1791 fait par ailleurs mention d'un nombre important de tonneaux et de barriques. On cultivait également le froment, l'orge et l'avoine. On trouvait de plus quelques chevaux, ainsi que des élevages de bovins et de bêtes à laine. Le nom du hameau Puy Chevrier ferait référence à un terrain de pacage pour les chèvres.

Au cours du 19e siècle, l'exploitation viticole se poursuit et s'intensifie. Les grandes exploitations et les petites vignes particulières se côtoient, destinant leurs eaux-de-vie au commerce pour les unes et à la consommation personnelle pour les autres. Le logis du Rousseau, par exemple, était la propriété d'un négociant en eaux-de-vie.

Cette économie s'arrête net avec l'arrivée du phylloxéra en 1877 : les 601 hectares de vignes que compte alors la commune sont entièrement détruits, et ce malgré la médaille de bronze décernée en 1881 par le congrès international phylloxérique à un inventeur de la commune, M. Jousseaume, pour son "fourneau portatif soufreux", machine destinée à la diffusion des insecticides. S'en suit l'abandon de l'activité viticole à Saint-Denis du Pin.

L'autre ressource de la commune, c'est naturellement la forêt d'Essouvert, dont l'exploitation par l'homme est immémoriale. En 1758, pendant la guerre de Sept Ans, le bois provenant d'Essouvert est réquisitionné pour les travaux de fortifications du littoral et de l'arsenal de Rochefort. Mais ce sont principalement les habitants des environs qui exploitent les ressources de la forêt. En vertu de leur droit d'usage, ils peuvent y ramasser les feuilles mortes, les herbes sèches ou "palaines", les glands pour nourrir les porcs (droit de glandage), pratiquer le pacage et la chasse. Le bois devait également faire fonctionner un four à chaux près de La Fayolle dont les matrices cadastrales mentionnent l'activité entre 1858 et 1870. L'affouage correspond au droit réglementé de chaque foyer de prélever, dans une forêt qui n'est pas sa propriété, le bois nécessaire à son chauffage. Celui-ci est un élément important de la vie de la commune jusqu'au début du 20e siècle. Vers 1935, le bois se voit concurrencé par le charbon et le gaz et l'affouage disparaît dans la 2e moitié du 20e siècle.

La toponymie a conservé la mémoire de l'importance des bois dans la commune : Saint-Denis du Pin, La Fayolle (de "faie", hêtre). Au 19e siècle, la flore locale était étudiée par Mme Georges, une botaniste distinguée qui résidait à Bourg Neuf. La forêt d'Essouvert, qui domine toujours les paysages de la commune, est aujourd'hui un lieu de promenade.



Les transformations d'une commune rurale depuis la fin du 19e siècle :

A la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, Saint-Denis du Pin est un petit bourg très actif, et ce malgré la crise du phylloxéra. Suite à la disparition des vignes, la commune se reconvertit vers la culture céréalière, comme en témoigne l'ancienne coopérative agricole de La Fayolle (aujourd'hui atelier d'ébéniste) créée au début du 20e siècle et qui précéda celle de Saint-Jean d'Angély. On trouve également des élevages, notamment de chevaux à Bourg Neuf et à La Fayolle.

Dans la 2e moitié du 19e siècle, la population atteint le millier d'habitants, mais commence à diminuer dans les dernières années du siècle. La commune, située entre le pôle commercial qu'est Saint-Jean d'Angély et Loulay, chef-lieu de canton, est traversée par la voie de chemin de fer reliant Niort à Saint-Jean d'Angély en 1881 et jugée d'importance suffisante pour être desservie par une station l'année suivante.

Au début du 20e siècle, la commune se dote d'une deuxième école, édifiée au nord du bourg, ainsi que d'un nouveau cimetière remplaçant celui situé devant l'église. Dans les années 1930, la Société des Fêtes, très active, se lance dans la construction d'une grande salle de spectacle de style Art Déco. Les cartes postales anciennes témoignent du foisonnement des rues du bourg à cette époque. On y trouvait tous les commerces nécessaires à la vie quotidienne : boulangerie, épicerie, boucherie, agence postale, garages...

Au milieu du 20e siècle, une nouvelle école est créée et la mairie déplacée dans une ancienne maison de maître : les anciennes école de garçons et mairie sont démolies suite à une invasion de termites. La population de la commune oscille autour de 700 habitants tout au long du 20e siècle. Néanmoins, la proximité de Saint-Jean d'Angély et le développement des moyens de transport particuliers entraîne la fermeture progressive des commerces du bourg qui évolue vers une vocation principalement résidentielle. Des lotissements s'implantent alors le long de la route nationale, au nord et au sud du bourg. En parallèle, le nombre d'exploitations agricoles a fortement diminué, passant d'une centaine en 1956 à une quarantaine à la fin du 20e siècle.

Ces dernières années, de nouveaux commerces sont venus s'implanter sur la commune, comme par exemple un restaurant à l'emplacement de l'ancienne école ou tout récemment un nouveau garage automobile. Symbole du dynamisme de la commune, la salle de spectacles de l'Alliance d'Essouvert, fruit d'un projet né en 2006 associant les communes de Saint-Denis du Pin et La Benâte, a été édifiée à l'orée de la forêt.