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Inventaire du patrimoine du
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HistoriqueLa Fayolle était, aussi loin que remontent les sources, le siège de la baronnie d'Essouvert. Autour de l'an mille, la forêt d'Essouvert fait l'objet de dons à l'abbaye de Saint-Jean d'Angély. La légende veut qu'en 1057, le baron Aimery ait fait don de La Fayolle et de ses terres aux moines Bénédictins, à charge pour eux de dire chaque jour une messe en mémoire de sa fille morte noyée dans la citerne du logis. L'abbaye y aurait alors installé, au coeur de la forêt, une dépendance administrée par un moine portant le titre de Chambrier de La Fayolle. En 1070, le comte de Poitou confirme la donation faite aux Bénédictins.L'histoire de la propriété est très mal connue. La tradition en a fait un prieuré fondé par l'abbaye de Saint-Jean d'Angély, il se pourrait toutefois que cette appellation soit en réalité abusive. En effet, les documents d'archives consultés mentionnent la seigneurie de la Fayolle, propriété des moines Bénédictins, et non un prieuré. Communément admise par les historiens au 19e siècle, cette dénomination est donc à manipuler avec prudence. Il faut sans doute plutôt voir ici un logis seigneurial dépendant de l'abbaye ainsi qu'un domaine agricole destiné à son approvisionnement. La Fayolle pourrait également avoir été un point de départ pour le défrichement de la forêt d'Essouvert, qui s'étendait primitivement jusqu'à Saint-Jean d'Angély. La tradition situe une entrevue mémorable en ces lieux, celle du roi Philippe le Bel et de Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, en 1305. Au cours de cette rencontre secrète, ce dernier aurait obtenu du roi la promesse de la tiare papale en échange de sa complicité dans l'arrestation des Templiers. Par la suite, Bertrand de Got, devenu le pape Clément V, aurait fait édifier une chapelle à La Fayolle. Toutefois, cet épisode, relaté dès le 14e siècle par le chroniqueur Villani de Florence, a été sérieusement mis en doute dès la fin du 19e siècle (annexe 1) et serait, selon toute vraisemblance, une légende. En 1846, l'écrivain D. Massiou fait un récit très romancé de cet événement et une description purement fictive du "prieuré" (annexe 2). Aucun document n'atteste en réalité de l'état primitif des bâtiments, seules subsistent, datables au moins du 15e siècle, les meurtrières de la façade sud-est et la chapelle de style gothique. Celle-ci aurait été dédiée à Sainte Catherine. Suite à la destruction de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély par les protestants en 1568, les moines trouvent refuge à Taillebourg, Ecoyeux et enfin La Fayolle en 1594 où ils resteront jusqu'en 1600. Par la suite, le domaine aurait été affermé pour le compte de l'abbaye. Des remaniements effectués au 17e siècle, il subsiste deux fenêtres chanfreinées visibles dans la façade sud-est, une porte en anse de panier à droite du corps de dépendances en retour et une cheminée à grosses moulures qui n'est aujourd'hui plus à son emplacement primitif. Le docteur Texier, dans son Inventaire archéologique de l'arrondissement de Saint-Jean d'Angély, évoque également une peinture murale disparue représentant un garde muni d'une hallebarde. La seigneurie, "appelée "cy-devant prieuré de La Fayole" et toujours propriété des Bénédictins à la Révolution, est vendue comme bien national le 10 septembre 1791 pour 33 000 livres au sieur Chastenet, une famille que l'on retrouve au logis de Rennebourg à la même période. L'ensemble comprend "une vaste maison et ses servitudes y attenant, un jardin d'un journal, [...] l'emplacement d'un four banal de deux journaux et une allée de petits noyers d'un demi-journal, un treuil à échalette, deux à écrou et tous leurs apparaux, une met [mée] en bois, un tonneau de 20 barriques, trois de 15, deux de 12 et enfin trois chaudières et leurs apparaux". Le cadastre napoléonien de 1822 mentionne les constructions actuelles, ainsi que deux bâtiments dans leurs prolongements au sud et deux petits bâtis dans la cour, aujourd'hui disparus. Seuls le hangar, récent, et le pigeonnier ne sont pas représentés. Le corps en L est datable dans sa plus grande partie de la 1ère moitié du 18e siècle : deux portes de dépendances sont surmontées de la date 1728. A l'intérieur, on peut également voir deux cheminées datables de cette période. Le corps de dépendances près du pigeonnier pourrait dater au moins du 1er quart du 19e siècle, avec un remaniement de la partie haute dans la 2e moitié du 19e siècle. A cette période, les bâtiments sont occupés par une ferme. Les deux portails à piliers sont datables de cette époque. Le pigeonnier, non figuré sur le plan de 1822, présente des lucarnes pourtant datables du 17e siècle, peut-être utilisées en remploi, à moins que l'édifice n'ait été en ruine à l'époque du cadastre napoléonien. Au cours de la 2e moitié du 19e siècle, le bâtiment est transformé en dépendance : deux pans de murs, aujourd'hui dépourvus de boulins, sont sans doute reconstruits à cette période et une large porte et un clocheton sont aménagés. Dans le 4e quart du 20e siècle, quelques transformations ont été réalisées, notamment le percement de quatre fenêtres dans les façades sud-ouest et sud-est et la transformation d'une ouverture de la façade arrière du corps de logement. La propriété a été scindée en deux par un mur de clôture et une maison a été construite dans la cour nord en 1989. Datation(s) principale(s) : 15e siècle ; 17e siècle ; 1ère moitié 18e siècle ; 1er quart 19e siècle ; 2e moitié 19e siècle Datation(s) secondaire(s) : 4e quart 20e siècle Date(s) : 1728 Justification de la datation : porte la date
DescriptionLe corps d'habitation présente une façade orientée au sud-ouest et des fenêtres pourvues d'appuis moulurés. Le bâtiment, couvert d'un toit à croupes et d'épis de faîtage, semble se composer d'un logement principal à cinq travées et porte centrale moulurée, d'un logement secondaire à quatre travées accolé à gauche, tandis que la partie accolée à droite, à trois travées, aurait abrité les cuisines. A l'intérieur, on peut observer une cheminée à grosses moulures du 17e siècle et deux autres à manteaux et moulures chantournés du 18e siècle.Le corps en retour correspond à d'anciennes dépendances. La façade côté cour présente notamment plusieurs jambes harpées, des attache-chevaux et trois larges portes en anse de panier à agrafes et sommiers saillants. Le pignon est percé d'une pierre d'évacuation des eaux. Côté jardin, on peut observer deux baies chanfreinées, quatre meurtrières dont une murée (une cinquième, située à l'intérieur, donne sur le choeur de la chapelle), ainsi que le chevet de l'ancienne chapelle. Celui-ci est percé de deux baies en arc brisé superposées. D'après une source orale, les vitraux proviendraient de la chapelle de l'hôpital de Saint-Jean d'Angély. Un autre corps de dépendances, à l'ouest, est percé de plusieurs larges portes et muni d'un attache-chevaux et de mangeoires, et se prolonge par un hangar récent. A proximité se situe l'imposant pigeonnier circulaire, dont la toiture de tuile plate est surmontée d'un lanternon couvert d'ardoise surmonté d'un épi de faîtage représentant une colombe. L'édifice a conservé une grande partie de ses boulins, sa charpente, son échelle tournante et trois lucarnes dont les piédroits sont ornés de cartouches. La propriété, accessible par deux portails à piliers ornés de pilastres à bossages et de sphères, compte également quatre puits. Le plus important, auquel est attaché une légende (annexe 3), comporte une margelle ronde en pierre de taille, couverte d'un toit en pavillon de tuile plate. Ce puits surmonterait une citerne située à 34 mètres de profondeur avec au fond une largeur de cinq à sept mètres. D'après le propriétaire, il existerait un réseau de galeries sous la propriété, certaines desservant la citerne et une cave et d'autres se dirigeant vers des propriétés voisines. Dans le jardin, on peut également voir un ancien bassin rapporté, une statue représentant Léda et Zeus changé en cygne ainsi qu'un Médicis orné de figures féminines, de provenance inconnue. Technique du décor : sculpture ; ferronnerie Précision sur la représentation : Portails à piliers ornés de pilastres à bossages et de sphères. Epi de faîtage du pigeonnier représentant une colombe. Lucarnes ornées de cartouches.
SituationRéférence(s) cadastrale(s) : 1822 D 275 ; 2012 AH 152 155 157 209 à 211Canton : Saint-Jean d'Angély Statut de la propriété : propriété d'une personne privée Etat de conservation : bon état ; remanié
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A. D. Charente-Maritime. Série Q, Q 153.
1791, 26 août : première adjudication (sans succès) de "la cy-devant seigneurie de La Fayole".
1791, 10 septembre : adjudication définitive du domaine "appelé le cy-devant prieuré de La Fayole" au sieur Chastenet.
A. D. Charente-Maritime. Série Q, Q 165.
Tableau de récapitulation des adjudications des biens de première et de deuxième origine.
A. D. Charente-Maritime. Série P, 3 P 5170. 1825 : plan cadastral napoléonien de Saint-Denis du Pin. |
Association Promotion Patrimoine. Châteaux manoirs et logis. La Charente-Maritime. Patrimoine et Médias, 1993, p. 386-387.
Bérard. "Compte-rendu de la deuxième excursion". Bulletin des travaux de la Société Historique et Scientifique de Saint-Jean d'Angély, t. 1, 1863, p. 116.
Besse, J-M. Abbayes et prieurés de l'ancienne France, t.3. Ligugé, 1910, p. 166.
Colle, Jean-Robert. Châteaux, manoirs et forteresses d'Aunis et de Saintonge, vol. 1. La Rochelle : Rupella, 1984, p. 268.
Connoué, Charles. Les églises de Saintonge, t.3. Saintes : Delavaud, 1952-61, p. 121.
Flohic Ed. Le patrimoine des communes de la Charente-Maritime : t. 2. Paris : Ed. Flohic, 2002, p. 878-879.
J. P., A., Ung Bourdelois. "L'entrevue de Bertrand de Got et de Philippe le Bel à Saint-Jean d'Angély". Bulletin de la Société des Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis : t.4. Saintes : 1883-1884, p. 164-166.
Lacurie, abbé. "L'entrevue de Bertrand de Got et de Philippe le Bel à Saint-Jean d'Angély". Bulletin de la Société des Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis : t.5. Saintes : 1884-1885, p. 230-232.
Massé, Marcel. Essouvert, de la forêt au bois de La Benâte. Saint-Ouen en Brie : la Lucarne ovale éditions, 1998, p. 14, 16, 17, 20, 95.
Massiou, D. "La forêt d'Essouvert. Nouvelle saintongeoise". L'Art en Province : t. 8. Moulins : 1846, p. 10-17.
Réveillaud, Eugène. Histoire de Saint-Jean d'Angély. Paris : Henri Jouve éditeur, 1909, p. 80.
Texier, Jean. Inventaire archéologique de l'arrondissement de Saint-Jean d'Angély. "Canton de Saint-Jean d'Angély", t.3. Saint-Jean d'Angély, 1966, p. 14-15.
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Saint-Denis du Pin, Présentation de la commune |