Inventaire du patrimoine du
Pays des Vals de Saintonge

Demeures

Saint-Denis du Pin

Une maison du 18e siècle, Bourg Neuf.

Historique

L´inventaire général du patrimoine de Saint-Denis du Pin, réalisé à l'hiver 2012-2013, a porté sur 40 maisons et 140 fermes ou anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1950, à l´exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l´état d´origine illisible. Les anciennes dépendances transformées en logements n'ont pas été non plus prises en compte.

Anciens logis exceptés, les éléments antérieurs à la Révolution encore visibles sont relativement rares : aucune construction médiévale n'a été identifiée, tandis que moins d'une trentaine d'ensembles ont été datés du 17e siècle ou du 18e siècle. Il faut préciser qu'il ne s'agit que très rarement d'édifices entiers, mais bien souvent d'éléments isolés conservés dans des bâtiments remaniés tardivement. Ces datations ont pu être attribuées généralement à des baies chanfreinées, c'est-à-dire taillées en biseau, caractéristiques du 17e siècle, ou des baies en arc segmentaire délardé, souvent attribuables au 18e siècle. Certaines portes en plein cintre ou en anse de panier peuvent également être datées de cette période.

Si plus de la moitié des ensembles inventoriés figurent ou se trouvent à l'emplacement de bâtis figurés sur le plan napoléonien de 1822, la quasi-totalité est néanmoins datable du 19e siècle, période de prospérité pour la commune, notamment grâce à l'essor de la viticulture. Bien que toutes les périodes du siècle soient fortement représentées, la 2e moitié du 19e siècle est assez nettement majoritaire.

Les dates portées sur les bâtiments sont plutôt rares : seules onze dates ont été repérées, dont seulement cinq sur des maisons ou des fermes. En revanche, les matrices cadastrales de la commune ont apporté des éléments de datation pour une très large majorité des ensembles d'habitat recensés. Ces informations ont notamment permis de mettre en évidence, sur de nombreux logements modestes, un certain archaïsme dans les formes et les décors. Cette caractéristique s'explique sans doute par une population composée principalement de familles de métayers et de journaliers plutôt pauvres au 19e siècle, peut-être une survivance de l'époque où l'abbaye de Saint-Jean d'Angély et les nombreux logis seigneuriaux possédaient la grande majorité des terres.

A l'inverse des constructions du 19e siècle, celles du début du 20e siècle sont plutôt marginales, témoignant d'un certain repli de la commune suite à la crise du phylloxéra. Au cours de la 2e moitié du 20e siècle, de nouveaux logements ont été créés, principalement dans des lotissements au nord à la périphérie du bourg. Cette urbanisation se poursuit aujourd'hui, la commune conjuguant la proximité de la ville, le calme de la campagne et une excellente desserte routière.
Datation(s) principale(s) : Temps modernes ; Epoque contemporaine

Description


Un bourg modeste et de grands hameaux

L'habitat de Saint-Denis du Pin est très dispersé sur l'ensemble de la commune, principalement dans la vallée du Pouzat. Le bourg occupe une position centrale, mais ne se démarque pas par sa taille de la plupart des autres hameaux. Le plan napoléonien de 1822 montre que la plupart des constructions du bourg se trouvaient autour de l'actuelle impasse de la Ruelle, celui-ci s'est donc progressivement étendu le long de la route nationale et de la rue de La Fayolle au cours des 19e siècle et 20e siècle. Cette extension se poursuit toujours aujourd'hui.

Le bourg adopte un plan dit de village carrefour : les constructions se sont implantées au croisement de deux axes de communication importants, la route de de Landes aux Eglises d'Argenteuil d'une part et celle de Niort à Saint-Jean d'Angély d'autre part. Cette dernière étant un axe de communication de premier ordre, un plan d'alignement de la traverse du bourg a été dressé dès 1840 pour assurer une largeur de la rue suffisante pour la circulation. Ainsi, de nombreuses constructions ont été frappées d'alignement au cours du 19e siècle.

La commune présente la particularité de compter un nombre important de grands hameaux, souvent plus importants que le bourg même (si l'on excepte les récents lotissements de ce dernier) : La Fayolle, Puy Chevrier, Bourg Neuf, Le Pouzat, La Jallet et Les Suires. Ceux-ci se sont développés près d'axes secondaires et ne présentent pas d'organisation particulière. La plupart des constructions y ont une base ancienne tandis que les logements récents y sont plus rares.

Les autres écarts sont plus modestes et ne comptent que quelques ensembles (Petit Bois, Rennebourg, Les Rousseaux, La Petite Jallet) voire uniquement un ancien logis ou ferme (Guille Bréchet, Les Fouiniers, Ferme d'Essouvert, Les Bellais, Mont Roland, Les Grands Arbres, La Martinière, Les Arrondeaux). Essouvert et Les Béguines ne comptent que des constructions récentes.


Les marques d'un passé agricole et viticole

Les fermes ou anciennes fermes représentent une très large majorité des éléments recensés dans cette commune où le travail de la terre a de tous temps été la première activité. En revanche, l'activité commerciale n'est représentée que par quelques anciens commerces autrefois répartis le long de la route nationale dans le bourg, mais totalement absente des hameaux.

L'étude du plan des fermes montre que la très grande majorité d'entre elles s'est implantée et développée sans souci d'organisation préalable. Plus de la moitié présente des bâtiments dispersés ou jointifs, en fonction de l'espace disponible. En revanche, les fermes à bâtiments organisés, alignés ou de plan massé (toutes les constructions sous le même toit) sont relativement marginales. On peut citer, pour la catégorie des fermes à bâtiments organisés, l'exemple-type de la ferme dite Logis de Lestang, aux Fouiniers, dont les bâtiments ont été disposés avec une grande rigueur. Ce type de plan, témoignant d'une certaine aisance, reste rare à Saint-Denis du Pin où les fermes modestes et sans organisation particulière dominent très largement.

La plupart des fermes ne comptent qu'un logement, mais un bon tiers en possèdent deux ou plus : ceux-ci peuvent être hiérarchisés, avec généralement un logement principal et des habitations plus modestes à proximité. Toutefois, dans de nombreux cas, on ne trouve que des logements à pièce unique.

Les dépendances agricoles sont généralement modestes. La plupart des fermes comptent une étable et une grange, parfois un petit hangar et des toits à bêtes, plus rarement un four ou une buanderie. Les pigeonniers restent l'apanage des grandes fermes et des logis, mais les autres exploitations peuvent présenter quelques trous à pigeons ou des creux à moineaux.

Une vingtaine de fermes possèdent leur propre puits. La majorité devait toutefois s´approvisionner aux nombreux puits communs que l'on peut encore voir. Parmi les puits recensés, quelques uns présentent un certain intérêt, comme deux puits aux systèmes de puisage sophistiqués à La Fayolle, le vaste puits du logis dit prieuré de ce même hameau, les puits couverts en pierre de taille de Guille Bréchet ou des Chaumes...


Des logements généralement modestes et peu ornés

Le paysage architectural de Saint-Denis du Pin étant dominé par de petites fermes, les logements ou anciens logements sont globalement modestes. A l'exception de quelques constructions plus récentes en béton, l'ensemble de l'habitat est construit en moellon de calcaire. L'emploi de la pierre de taille, réservé aux demeures plus riches, est complètement absent.

Les matériaux utilisés en couverture sont à peine plus variés, la très grande majorité des logements étant couverts en tuile creuse. Toutefois, quatre logements présentent de l'ardoise, réservées aux rares maisons de maître ou à d'opulentes maisons saintongeaises. La tuile mécanique, généralement employée à la fin du 19e siècle ou du 20e siècle, concerne une dizaine de demeures dont les maisons de garde-barrière. Enfin, la tuile creuse mécanique et les matériaux synthétiques ont été employés lors de remaniements récents et ont sans doute remplacé des toitures primitivement en tuile creuse. Quant à la forme des toitures, elles est généralement simple (toits à longs pans). On trouve toutefois une vingtaine de logements coiffés de toits à longs pans et à croupes, c'est-à-dire à quatre pans, marque d'une certaine richesse.

Parmi tous les logements recensés, on compte un nombre à peu près égal de cellules charentaises et de maisons saintongeaises. Les premières sont des logements de dimensions réduites, comportant une pièce unique en rez-de-chaussée surmontée d'un comble à surcroît abritant un grenier, et dont les façades comptent une, deux voire aucune travée et peu ou pas de décors. Les secondes sont des habitations plus vastes, souvent avec un étage habitable, une façade à plusieurs travées et des décors davantage présents. Toutefois, les maisons saintongeaises de Saint-Denis du Pin restent relativement modestes, comportant en général deux ou trois travées, celles à quatre ou cinq travées ne représentent environ qu'une maison sur huit.

L'habitat de la commune se caractérise également par une relative sobriété. Environ un tiers des ensembles d'habitat recensés est dépouillé de tout décor : il s'agit principalement d'ensembles ne comportant que des cellules charentaises, celles-ci ne présentant généralement pas d'ornementation particulière. Quant aux maisons saintongeaises, elles comportent souvent un solin, ainsi qu'une corniche moulurée ou une double génoise (deux rangées de tuiles disposées en saillie au sommet d'une façade). Les bandeaux sont plus rares. La maison de maître occupée par l'actuelle mairie fait figure d'exception de par l'opulence de ses décors.

Une trentaine de logements présente une organisation plus particulière. Une quinzaine possède une façade sur un pignon, généralement avec des baies disposées sans ordre. Une douzaine dispose d'un escalier de distribution extérieur. Généralement témoignage d'ancienneté, l'escalier extérieur desservait un rez-de-chaussée surélevé ou le grenier de certains logements modestes tout en libérant l'espace intérieur déjà restreint. La proportion de ces habitations est certes faible à l'échelle de la commune mais néanmoins relativement importante à celle de la région où ce type de logement est plutôt rare.

Situation

Canton : Saint-Jean d'Angély
Statut de la propriété : propriété d'une personne privée
Etat de conservation : bon état



Documentation

Documents d'archives

A. D. Charente-Maritime. Série P, 3 P 3313, 3315.
Matrices cadastrales, registres des augmentations et des diminutions de propriétés de la commune de Saint-Denis du Pin.

A. D. Charente-Maritime. Série S, 2 S 204, 207, 334 à 336, 346, 348 à 350, 361, 747.
1839 à 1892 : autorisations de travaux sur la traverse du bourg de Saint-Denis du Pin selon le plan d'alignement.
1840, 7 mai : ordonnance de Louis-Philippe fixant l'alignement dans le bourg.
1896, 30 août : plan d'alignement du bourg.

Bibliographie

Pays des Vals de Saintonge, CAUE 17. Atlas architectural, 1999.

Site internet : http : //www.insee.fr [consult. 3/04/2013].

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Illustrations

Fig. 1
Une maison du 17e siècle, La Jallet.
Fig. 2
Une baie chanfreinée du 17e siècle, le bourg.
Fig. 3
Une cellule du 18e siècle, La Fayolle.
Fig. 4
Une maison du 18e siècle, Bourg Neuf.
Fig. 5
Une porte en arc segmentaire délardé du 18e siècle, Rennebourg.
Fig. 6
Une porte en anse de panier du 18e siècle, La Fayolle.
Fig. 7
Une cellule du début du 19e siècle, le bourg.
Fig. 8
Deux cellules accolées du début du 19e siècle, le bourg.
Fig. 9
Un corps de ferme du milieu du 19e siècle, Puy Chevrier.
Fig. 10
Une maison saintongeaise de la 2e moitié du 19e siècle, Le Pouzat.
Fig. 11
Une maison saintongeaise de la 2e moitié du 19e siècle, La Fayolle.
Fig. 12
Un corps de ferme de la 2e moitié du 19e siècle, le bourg.
Fig. 13
Une maison de maître de la fin du 19e siècle, le bourg.
Fig. 14
Un corps d'habitation de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle, La Fayolle.
Fig. 15
Une maison du début du 20e siècle, La Jallet.
Fig. 16
Une maison à façade en pignon du milieu du 20e siècle, le bourg.
Fig. 17
Des dépendances agricoles, Les Suires.
Fig. 18
Des dépendances agricoles, Puy Chevrier.
Fig. 19
Un puits de ferme, La Fayolle.
Fig. 20
Un portail à piliers de ferme, Bourg Neuf.
Fig. 21
Un passage couvert de ferme, La Fayolle.
Fig. 22
Un escalier extérieur, La Fayolle.
Fig. 23
Une pierre d'évier avec jour carré, le bourg.
Fig. 24
Une date portée, le bourg.

Voir

Saint-Denis du Pin, Présentation de la commune

Date de l'enquête : 2013

Région Poitou-Charentes / Service de l'inventaire général du patrimoine culturel. Chercheur(s) : Barreau Pierrick. (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, 2013 ; (c) Syndicat mixte du Pays des Vals de Saintonge, 2013. Renseignements : Centre régional de documentation du patrimoine, 102 Grand'Rue - B.P. 553, 86020 Poitiers cedex, tél : 05.49.36.30.07.

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